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5 stratégies efficaces pour éviter un déclenchement non désiré

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Au Québec, comme dans de nombreux pays industrialisés, nous faisons face à une augmentation constante des déclenchements du travail. Bien que le gouvernement québécois n'ait pas publié de statistiques unifiées sur les pratiques obstétricales, les professionnel•les de terrain observent une tendance à la hausse préoccupante.

Cette réalité n'est pas unique au Québec. En France par exemple, l'enquête nationale périnatale (ENP) de 2021 révèle une hausse significative, passant de 22% à 25,8% entre 2016 et 2021, avec des variations importantes selon les établissements : certains CHU affichent des taux de 18% quand d'autres atteignent 30%. Ces chiffres illustrent une tendance globale à la surmédicalisation que nous observons également ici.

Face à cette augmentation des déclenchements, il devient essentiel de s'outiller pour faire des décisions éclairées. L'explosion des taux de déclenchement n'est pas due à une soudaine incapacité des femmes à accoucher spontanément, mais plutôt à une standardisation des pratiques obstétricales.

Pour maintenir ton autonomie et ton pouvoir de décision, voici cinq stratégies concrètes qui ont fait leurs preuves :

 

Stratégie 1 : Vérifier l'indication médicale

Il est crucial de dépasser les simples "c'est le protocole" ou "c'est le mieux pour bébé et vous" pour obtenir des informations précises et personnalisées.

Commence par demander le motif exact du déclenchement et en quoi il s'applique spécifiquement à ta situation. Par exemple, avoir 40 ans n'est pas en soi une indication de déclenchement - pourtant, certaines personnes se voient proposer un déclenchement dès le début du 2e trimestre uniquement sur ce critère d'âge. Ce n'est pas ce qu'on appelle des soins individualisés et adaptés, pourtant garantis par le système de santé québécois.

Va plus loin en exigeant des références aux études scientifiques et statistiques qui appuient cette recommandation. Les pratiques médicales devraient toujours être basées sur des données probantes, pas sur des habitudes de service ni sur des biais ou croyances personnelles du professionnel de santé.

Voici une anecdote personnelle révélatrice :
Confrontée à une recommandation que je ne comprenais pas, j'ai insisté auprès du professionnel après plusieurs explications nébuleuses : "Je veux bien suivre votre recommandation mais j'ai besoin de la comprendre pour y adhérer, et elle est en contradiction avec la brochure de votre propre établissement." Sa réponse ? "Je dois avouer que je dois être biaisé par tout ce que je vois ici [en clinique de grossesse à risque]."
Que serait-il arrivé si j'avais suivi la recommandation sans poser de question ? Ce moment unique de mise au monde de mon bébé aurait été orienté par les peurs de mon gynéco et non par des données probantes et une indication médicale réelle.

Une question particulièrement puissante à poser est : "Que se passe-t-il si on attend ?" Cette simple interrogation permet souvent de révéler si le déclenchement est vraiment urgent ou s'il peut être reporté. Tu peux aussi utiliser la méthode de prise de décision BRAIN.

N'oublie jamais : tu n'es pas obligée de répondre immédiatement. Prends toujours le temps de réfléchir avant de prendre ta décision.

 

Stratégie 2 : Connaître et affirmer ses droits

La base de toute décision éclairée repose sur la connaissance et l'affirmation de tes droits. Le consentement n'est pas une option ou une politesse - c'est une OBLIGATION légale pour tout acte médical. Un déclenchement pratiqué sans ton accord explicite, ou obtenu sous la pression, la menace ou le chantage, constitue une violence obstétricale. Par exemple, des phrases comme "Et si vous ne le faites pas et qu'il arrive quelque chose au bébé, allez-vous vous en vouloir ?" sont une forme de chantage affectif inacceptable (fait vécu).

Ne laisse personne te faire douter de ta capacité de jugement : refuser un déclenchement n'est pas un acte irresponsable. Tu as parfaitement le droit de demander un second avis médical si tu en ressens le besoin. Et rappelle-toi cette vérité fondamentale : aucun bébé n'a jamais fait grève de naissance.

Si ta grossesse se prolonge et que tu préfères attendre un déclenchement spontané, tu peux exiger des alternatives comme des suivis plus rapprochés. Les non stress tests plus fréquents sont une option valable pour s'assurer que tout va bien tout en respectant ta décision d'attendre.

 

Stratégie 3 : La technique du "oui-oui"

Face à l'augmentation vertigineuse des déclenchements, certaines personnes développent des stratégies de résistance qui peuvent sembler controversées. La technique du "oui-oui" en fait partie, et si je la partage ici, c'est que je considère les femmes et personnes concernées comme parfaitement capables de prendre des décisions éclairées pour elles-mêmes et leur bébé.

Cette approche consiste à acquiescer poliment aux propositions, prendre les rendez-vous suggérés, puis continuer sa grossesse tranquillement selon ses propres choix. Il est important de savoir que tu as légalement le droit de ne pas te présenter à un rendez-vous, même programmé, et de changer d'avis à tout moment concernant tes soins.

Et j'entends déjà les "c'est inconscient de suggérer ça".
Non, au contraire. Je trouve particulièrement aberrant que face à une épidémie de surmédicalisation, nous en soyons réduit•es à développer des stratégies d'évitement.

La véritable inconscience ne serait-elle pas plutôt dans cette standardisation croissante des naissances qui nie l'individualité de chaque personne ?

 

Stratégie 4 : Favoriser le déclenchement naturel

Si tu approches de ton terme ou si un déclenchement t'a été proposé, plusieurs méthodes naturelles peuvent encourager le travail à démarrer spontanément. Un élément crucial à comprendre : l'ocytocine, l'hormone qui déclenche les contractions, est surnommée "l'hormone de l'amour". On la libère dans les situations où on ressent du plaisir.

Paradoxalement, alors qu'on nous fait souvent vivre la fin de grossesse dans le plus grand stress, c'est exactement l'inverse qu'il faudrait ! Privilégie tout ce qui te procure du plaisir : un bon repas, des câlins, un massage, un bain relaxant, des sessions de jeux vidéo ou te mater toutes les saisons de Friends si ça te fait du bien.

La mobilité reste absolument cruciale : marche, danse, balancement du bassin... Tout ce qui permet à ton bébé de trouver sa position optimale et à ton corps de libérer ses hormones naturelles. L'acupuncture et l'acupression peuvent également encourager bébé à se mettre en route.

L'activité sexuelle joue un rôle important : au-delà du plaisir que peut procurer n'importe quelle pratique sexuelle (ce qui est déjà bénéfique en soi pour la production d'ocytocine), les rapports sexuels avec éjaculation vaginale apportent des prostaglandines naturelles contenues dans le sperme, favorisant la maturation du col. La stimulation clitoridienne et la stimulation des seins participent aussi au processus en favorisant la production d'ocytocine naturelle.

Le tire-lait est aussi une option à explorer. La stimulation mécanique des seins, comme la stimulation manuelle, favorise la production d'ocytocine. Une séance de 15-20 minutes plusieurs fois par jour peut être utile - commence doucement et ajuste selon ton confort.

Pour un accompagnement plus spécifique avec les plantes et huiles essentielles, n'hésite pas à consulter une herboriste ou naturopathe. À noter : les dattes et le thé de feuilles de framboisier ne sont pas des solutions de dernière minute - c'est dès le début du 3e trimestre qu'ils contribuent à favoriser un utérus tonique.

Rappelle-toi que toutes ces méthodes naturelles ne peuvent déclencher le travail que si ton bébé et ton corps sont prêts - c'est leur grande force par rapport à un déclenchement médical, elles respectent la physiologie du duo que vous formez.

 

Stratégie 5 : Garder confiance en la physiologie

L'une des clés pour résister à la pression du déclenchement est de bien comprendre la physiologie normale de la grossesse. Une grossesse est considérée à terme entre 37 et 42 semaines - c'est une fenêtre de 5 semaines, pas une date précise. La "date prévue d'accouchement" n'est qu'une estimation, calculée selon des moyennes qui ne reflètent pas nécessairement ton cas particulier.

Chaque bébé, comme chaque grossesse, suit son propre timing. La nature a mis au point ce processus sur des millions d'années d'évolution. Ton corps et ton bébé communiquent constamment pour préparer le moment optimal de la naissance. Cette sagesse innée dépasse souvent les calendriers et les convenances administratives.

Fais confiance à ton intuition. Si tu te sens en sécurité avec ta grossesse qui se prolonge, si ton bébé bouge bien, si les suivis sont rassurants, tu n'es pas obligée de céder à la pression extérieure. Ton ressenti et ta connaissance intime de ta grossesse sont des guides précieux.

 

Pour aller plus loin

Les recommandations de l'OMS sur le respect pendant l'accouchement et la fiche sur le déclenchement du travail de l'INSPQ (Institut national de santé publique du Québec) sont des ressources précieuses pour approfondir le sujet. Ces documents basés sur des données probantes peuvent t'aider à prendre des décisions éclairées.

Se faire accompagner par une doula peut également faire une grande différence. Son soutien continu et sa connaissance du système médical peuvent t'aider à naviguer ces situations tout en restant fidèle à tes souhaits.

 

En conclusion

Face à la hausse des déclenchements, il est crucial de se rappeler que tu as le DROIT et le POUVOIR de choisir comment tu souhaites accueillir ton bébé. La clé est de s'informer, de connaître ses droits et de s'entourer de personnes qui soutiennent tes choix. L'accouchement est avant tout un processus physiologique naturel qui mérite d'être respecté, et toi seul·e peux décider ce qui est le mieux pour toi et ton bébé.